Talente – Maîtres du futur 2023
Du 8 au 12 mars 2023, Manon Papin (DNSEP option design, mention bijou, 2022) et Jean Savard (DNSEP option design, mention céramique), tous deux diplômés de l’ENSA Limoges, participaient à l’exposition « Talente – maîtres du futur 2023 » dans le cadre de la Foire internationale de l’artisanat et des métiers de Munich.
Ils exposaient au côté de Miki Asai, JP, Xinyi Chen, CN/GB, Susie Heuberger, MX/DE, Seong Hwan Hyun, KR, Nikita Kavryzhkin, RU/DE, Yoojung Kim, KR/GB, Sihui Li, CN/DE, Haisheng Liu, CN/KR, Cong Ma, CN/US, FR, Bryan Parnham, US, Ashley Nettye Pollack, CA/US, Anne Pruy, DE, Anna Rusínová, CZ, Kamile Staneliene, LT, Maja Stojkovska, MK, María Suja, ES, Karin Šusteková, SK, Yuuki Yoshioka, JP, Lifu Zhou, CN/DE.
Achille, de Manon Papin et Jean Savard
Une chaîne est constituée d’une succession de maillons, assemblés ils sont plus forts et confèrent résistance à l’objet. Avec une grande diversité formelle, une large palette d’applications, elles sont également des objets très lourds de sens. À la fois symbole de domination et de rapport de force, l’histoire est emplie de chaînes qu’il a fallu briser et d’autres dont certains maillons résistent encore et que nous nous devons de diviser afin de déconstruire les hiérarchies et les rapports de domination imbriqués si profondément dans une histoire commune.
À Limoges (France), dans une région où la porcelaine est appelée « or blanc » et où l’exigence portée sur ce matériau est inchangée depuis des siècles. Comment dépasser les stigmates d’une époque où la porcelaine est reine, au profit d’autres céramiques tout aussi pertinentes techniquement ?
Ici, la réduction de la porcelaine à la cuisson est mise à profit pour dévoiler son cousin souvent déprécié le grès. Il est la structure porteuse de la pièce, plus résistant, plus plastique et tout aussi sonore que la porcelaine qui cherche à le camoufler et à le contraindre. À la manière de Thétis qui trempe Achille dans les eaux du Styx pour le rendre invincible, nous trempons cette chaîne par l’extrémité d’un de ses maillons, mais tout comme Achille, sa couverture est inachevée et garde la trace de la présence du grès. En brisant cette étreinte, le grès révèle sa couleur, sa texture et sa chaleur jusqu’alors évincée par la blancheur aveuglante de la porcelaine.
Reste en suspens une question, faut-il briser la chaîne ou non ? Choisit-on de laisser la chaîne intacte, comme un objet figé et rectiligne, importable mais témoins d’un duel entre deux céramiques.
Ou décidons-nous de briser l’enveloppe de porcelaine, de transformer l’état de l’objet en un bijou en lui rendant sa souplesse ? Permettant la réunion des anneaux d’argents et donnant vie à ce collier qui portera ainsi les stigmates d’une lutte entre la matière et le geste.
